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Le triomphe du temps et de la désillusion. Georg Friedrich Haendel. 1707

Il Trionfo del Tempo e del Disinganno présente la surprenante particularité d’être à la fois le premier et le dernier oratorio de Haendel (1685-1759). Composé en 1707 peu après l’arrivée du jeune compositeur à Rome, l’ouvrage était appelé à connaître de nombreuses métamorphoses. Haendel recyclera plus d’une fois Il Trionfo, déjà tissé d’emprunts à d’autres compositeurs selon une pratique courante à l’époque. Non seulement Haendel va réutiliser sa partition au profit de plusieurs autres de ses œuvres comme Aggripina (1709) ou Rinaldo (1711), mais le compositeur va également reprendre et étoffer Il Trionfo selon les besoins de sa carrière jusqu’en 1758 où il sera donné pour la dernière fois à Covent Garden sous son titre anglais devenu The Triumph of Time and Truth – c’est-à-dire Le Triomphe du Temps et de la Vérité. C’est parcequ’un édit papal interdit toute représentation d’opéra à Rome, qu’Haendel se tourne vers des formes apparentées au théâtre lyrique comme la cantate ou l’oratorio. Le compositeur accepte de mettre en musique un livret ducardinal Benedetto Pamphili, un riche prélat romain qui jouissait d’une flatteuse réputation de poète. Utilisant un procédé très prisé chez les baroques, Il Trionfo repose sur l’affrontement de quatre personnages allégoriques : le Temps et la Désillusion s’opposent au Plaisir pour convaincre et soumettre à leurs arguments la Beauté qui finira par préférer à une vie insouciante le cilice et un cloître isolé. Très différent des grands oratorios de la maturité de Haendel, Il Trionfo se signale par son effectif instrumental réduit et son absence de chœur. La partition séduit par l’inventivité de son écriture et la fraîcheur de son inspiration. L’œuvre contient une sonate pour orgue et orchestre qui annonce le style des concertos pour orgue qu’Haendel reprendra trente ans plus tard dans ses oratorios anglais. Tous les mélomanes connaissent l’ouvrage à travers un air devenu très célèbre, celui que chante le Plaisir pour achever de séduire la Beauté : « Lascia la spina » (« Ne touche pas aux épines ») qui se métamorphosera en « Lascia ch’io pianga » dans l’opéra Rinaldo (1711). Le cinéaste Gérard Corbiau contribuera largement à la popularité de cet air qu’il utilise magnifiquement dans son film Farinelli (1994).

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